Autonomie féminine

Comment transformer sa vie grâce à un burnout.

J’aurais pu intituler ce post « Comment rebondir après un burnout » ou « Pourquoi un burnout est-il la chance de votre vie ? ». Toutes ces expressions recouvrent la même idée de fond. Celle de faire d’un problème une chance. C’est le parti pris qui m’a permis de passer d’un état critique à la vie dont j’avais toujours (inconsciemment) rêvée.

On parle beaucoup du burnout en ce moment. Ce mot anglo-saxon dont le concept est issu du mot japonais Karoshi (qui signifie « petite mort » en Japonais), a tué beaucoup de monde au Japon. Au pays du Soleil-levant, où tout est excessif, c’est un peu la mort subite du cadre.

En occident en général et en France en particulier, le burnout s’entend couramment comme épuisement professionnel. On parle aussi parfois d’épuisement maternel ou burnout maternel, mais généralement, les organismes et autres médias sont essentiellement occupés par le burnout au travail. (Fait peu étonnant dans un pays où les femmes gagnent 27% de moins que les hommes à poste et études équivalents et touchent une retraite 20% moins élevée).

Le burnout est un état extrême. Lorsqu'on arrive au burnout, c'est signe que toutes les ressources de gestion et de réponse au stress sont épuisées. On est donc épuisé au plan physique et au plan psychologique. Comme en arrive-t-on là ?

En ce qui me concerne, tout avait pourtant bien commencé.

C’était il y a un peu plus d’une douzaine d'années, j'étais ce que l'on peut appeler une jeune cadre dynamique menant une carrière professionnelle et une vie sociale active dans une grande ville (Paris) et sans soucis particuliers. Avec mon compagnon, nous formions ce qu'on appelle un DINK (double income no kids – double revenu pas d’enfant). Nous sortions beaucoup, voyagions, avions de multiples projets. Perfectionniste et avec le souci constant d'un équilibre dans toute chose et en particulier dans les relations aux autres, je m'attachais à tout mener de front.

Puis du statut couple, nous sommes un jour passés au statut de « famille » avec l’arrivée d’un premier enfant et, quelques années plus tard un second. Et est arrivé ce qui survient régulièrement dans les couples.

Alors que j'avais fait plus d'études, la carrière de mon compagnon a commencé à s'envoler pendant que la mienne stagnait. Je n’étais pas la plus à plaindre, certaines de mes amies, à leur retour de congé maternité, se voyaient brusquement convoquées à des réunions à 7h30 du matin par leur chef, d’autres recevaient de leur hiérarchie de brusques injonctions d’enchaîner des voyages d’affaires à travers la planète, d’autres, enfin, se voyaient… carrément licenciées sous divers motifs ! Nous avions toutes fait des études avec des ambitions de carrière professionnelle et été éduquées dans l’idée d’une égalité hommes / femmes héritée des générations des années 1960 – 1970. Autant dire que nous tombions de haut.

Je m’en tirais plutôt bien avec une hiérarchie très compréhensive et un job que j’avais choisi et qui me plaisait.

Mais tout s'est enchainé comme dans le jeu des chemins de dominos : alors que les tâches domestiques étaient jusque-là partagées, j'en ai petit à petit récupéré l'intégralité. Logique, puisque le salaire de mon compagnon s’envolait quand le mien (déjà pas terrible par rapport aux études que j’avais faites) stagnait voire régressait.

Puis les nuits blanches sont arrivées (pour cause de pleurs de bébés). Les dossiers professionnels ont commencé à prendre du retard, les diverses tâches à s'empiler, la fatigue à s'installer.

Alors, à cette époque toujours perfectionniste, je commence à chercher des solutions dans une meilleure organisation pour arriver à tout faire. Je lis des dizaines de livres sur la gestion du temps, fais des recherches sur les plans psychologique, sociologique, managérial, etc. Je mets en place des méthodes, des structures, des processus de gestion de tâches sur la base GTD (Get Things Done), visant l’efficacité totale et le gain de temps à la maison comme au bureau ; je remplace mes agendas papier par un agenda numérique qui superpose les calendriers et permet les alarmes (un palm, à l'époque !).

Puis, toujours dans une optique combative, je décide de m’attaquer à la culpabilité. Celle de ne pas être complètement disponible pour le travail (comme on ne se prive pas de nous le faire remarquer) et de ne pas être disponible pour les enfants. Bref, d’être partout et d’avoir l’impression de n’être nulle part. Je découvre les livres du pédiatre américain Terry Brazelton qui déculpabilise les femmes qui travaillent du fait de ne pas voir leurs enfants grandir ; j’affronte les remarques désagréables de la pédiatre (Ah bon ? Vous travaillez ? Vous n’êtes pas là quand il est malade ? ») ; je me débrouille pour être à l’heure aux rendez-vous avec les maîtresses d’école, fixés à 16h, tout en redoublant de créativité pour trouver une excuse pour la « réunion-professionnelle-super-importante-de-l’année » que je manque ; je gère les recrutements puis les états d’âme des nounous et des baby-sitters ; je tiens bon sur les dossiers professionnels « méga-importants » à rendre pour le jour J et bouclés tard dans la nuit précédente.

Armée de ma méthode de planification à outrance, je continue à tout mener de front. En grignotant petit à petit sur mon temps de sommeil puis sur le peu de temps de loisirs et de pratique du sport qui me restent. Pour le déjeuner, un sandwich pris en hâte devant l’ordinateur me suffit, je n’ai plus le temps de boire, je « carbure au café ». Tout en menant une vie sociale intensive, plus par obligation que par envie, j’affronte une certaine forme de solitude qui augmente encore la sensation de lassitude.

Malgré la fatigue, je m’estime chanceuse ; ça se passe plutôt bien avec mon compagnon et les enfants. Notre environnement de vie nous plait, mon job également. Nous n’avons pas de soucis d’argent ou de santé majeurs. Je n’ai donc pas le droit de me plaindre. Et puis hors de question d’avouer que la corde est trop tirée. Avouer ses faiblesses, même pour une femme, dans notre monde occidental, c’est avouer un tempérament de « looser ». Impossible.

Jusqu'au jour où arrive le clash.

Trois mois alitée, le dos cassé, sous morphine, puis deux ans pour récupérer l'intégralité de ma santé.

J’ai vraiment touché le fond le jour où j’ai recommencé à marcher à la vitesse d’un escargot, pliée en deux de douleurs, sur le chemin de l’école maternelle pour aller chercher les enfants, avec ce corset qui emprisonnait tout le dos et cette impression  d’avoir 95 ans !

J’ai mis un peu de temps à réaliser que c’était un burnout. A comprendre pourquoi « ça me tombait dessus » alors que « tout allait bien ». J’ai saisis assez rapidement que la médecine n’était pas la solution (la médecine allopathique reste pantoise devant des symptômes sans cause identifiée). La psychanalyse et toutes les disciplines associées peuvent apporter une réponse (« en avoir plein le dos ») mais pas de solution définitive.

C'est alors que je me suis intéressée aux diverses méthodes alternatives de santé.

Un naturopathe m’a fait prendre conscience de mon hygiène de vie déplorable. Un ostéopathe m’a tirée d’affaire sur le plan du dos et évité une opération chirurgicale.

J’ai commencé à voir les choses sous un autre angle, à apprendre à « prendre de la hauteur » de vue et du temps pour moi.

L’ensemble ne s’est pas fait en un jour. La remise en forme complète du dos et la disparition de la fatigue m’a pris plus de deux ans. La prise de conscience sur la nécessité de distinguer l’essentiel de l’accessoire, l’élaboration d’un nouveau mode de vie et d’une nouvelle hygiène de vie se sont faits au fil du temps.

Puis, j’ai fait une rencontre capitale avec un Shihan* Japonais qui est devenue mon Shihan de Reiki**, pratiquant une approche minimaliste et ultra-traditionnelle.

Petit à petit, au fil des années, j'ai appris à aller à l'essentiel sans pour autant négliger le détail, à tout équilibrer sans oublier l'important, à m'occuper des autres en me donnant les moyens de garder du temps pour moi, à développer des relations harmonieuses avec toute personne, à rester zen en toutes circonstances.

J’ai découvert qu’au fond, le libre-arbitre est parfois une impression et que l’univers professionnel dans lequel j’évoluais n’était pas celui qui correspondait à mes aspirations les plus profondes. Que le domaine de la thérapie et du bien-être me correspondait plus. Que renouer avec une passion d’enfant (la photographie, la créativité) est aussi un moyen de parvenir à un équilibre esthétique miroir d’un équilibre de vie.

Voici pourquoi, au final, je considère ce burnout comme la chance de ma vie.

Je suis devenue praticienne puis maître Reiki, et me suis spécialisée dans l’accompagnement des femmes et des enfants. J’ai souvent constaté au cours de mes consultations, que mon histoire est loin d’être un fait isolé. Au-delà du fait de les aider à se remettre en forme et à leur faire prendre conscience de leur potentiel, je leur transmettais mon approche, qui repose sur leur capacité intuitive. Elle m'a permis non seulement de mener la vie que je veux, d'être en accord avec mes aspirations mais également d'être beaucoup plus efficace dans ce que je fais et de maintenir une excellente forme. Aujourd’hui je suis partie sur d’autres aventures mais je continue à maintenir ce blog et à tisser des liens divers et variés sur les différentes thématiques qui touchent les femmes.

Appel à témoignages

Et vous ? Vous reconnaissez-vous dans certaines parties de cette histoire ? Avez-vous déjà eu à affronter l’un des défis ou des problèmes que j’évoque ? D’autres défis ou frustrations ? en commentaire ou posez-moi vos questions en commentaires ou par email. Je serai là pour vous répondre.

N'hésitez pas à remplir également le questionnaire (anonyme) qui vous permet de faire ressortir vos principales sources de stress en moins de 5 mn (attention, surprises possibles !)

 

*Shihan signifie maître en japonais. Mais ce mot n’a pas la même connotation présomptueuse en langage nippon qu’en français. Il est à prendre dans le sens « Enseignant ».

**Le Reiki est une approche de soins basée sur une approche énergétique qui fait partie des thérapies alternatives.

Crédit photo : photo-libre.fr

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article