Autonomie féminine

L'école à la maison ? Oui c'est possible !

Bon, récapitulons, en ce jour de rentrée : le jour où junior est rentré de sa première journée de collège, je lui ai demandé comment s'était passée sa journée.

 

- Génial ! M'a-t-il répondu. J'ai appris un nouveau mot ! Soporifique ! Et de répéter, tout fier, ce mot toute la soirée.

 

La question de l'adéquation de l'école, dans sa formulation classique (qu'elle soit publique ou privée), pose celle de l'adéquation de ses méthodes pédagogiques aux besoins d'éveil et d'épanouissement de l'enfant. Sans compter, après la publication des résultats catastrophiques de la France au classement de l'enquête PISA, la remise en cause d'un système qui exclut et augmente les inégalités.

 

Peut-on encore aujourd'hui se tourner vers des méthodes alternatives ?

 

Interview de Lysalys, qui tient l'un des blogs qui m'impressionnent le plus : Découvrir avec Mi et Lou. Elle y retrace la vie quotidienne de sa petite famille, qui a choisi l'option de l'école à la maison. Non ? Si !

 


Pourquoi avoir choisi le chemin de l'école à la maison ? Est-ce initialement un choix par défaut (problème de proximité géographique, par exemple) ou un parti pris éducatif ?


L'instruction en famille a été un choix qui s'est imposé.
En fait, nos deux filles sont allées à l'école jusqu'au CP pour l'une et le CE2 pour l'autre.
Cependant, l'aînée était très stressée par ces longues journées, l'immobilisme imposé, l'agitation des autres enfants l'empêchant d'étudier sereinement. Quant à la cadette, durant cette dernière année, les larmes n'ont pas cessé de rouler sur ses joues... Pas une journée ne s'est passée sans qu'elle se désole de ne pouvoir apprendre à son rythme...


Nous avons refusé de regarder nos deux enfants continuer de s'éteindre ainsi et nous nous sommes documentés sur l'instruction en famille. Nous avons hésité, préoccupés des craintes habituelles : aurais-je les capacités de les instruire ? Auraient-elles des amis ? Ensemble, à quatre, nous avons décidé de commencer cette aventure pour une année, afin de leur donner le temps de se reconstruire. Finalement, cela fera bientôt quatre ans qu'elles grandissent hors des sentiers de l'école, à leur rythme ! :)



Avant de prendre la décision, as-tu étudié des solutions alternatives, comme l'approche Montessori, par exemple ?

 

Pas vraiment. Nous avons bien pensé à une structure permettant à l'enfant d'aller à son rythme. Mais, près de chez nous, rien ne semblait nous convenir... Et nous ne souhaitions pas que nos enfants passent de très longs moments en voiture pour aller à l'école. La fatigue était déjà importante certains soirs. Pour nous, cela aurait été un nouveau non respect de leurs rythmes. Et puis, nous n'étions pas contre l'école. Nous avons envisagé un retour un certain nombre de mois avant de comprendre que l'instruction en famille était tout de même ce qui leur convenait le mieux.



Quels sont précisément les défauts ou les manques du système scolaire classique qui ont conduit à ce choix ?


La non possibilité d'accélérer vraiment, d'approfondir ou de ralentir les apprent issages.
Le bruit ambiant, les chahuts de certains enfants, l'impossibilité de correctement se concentrer et écouter !


Et puis la fatigue des enfants à cause de rythmes qui nous semblaient inadaptés : étudier par exemple deux mois sans vacances nous semble trop long pour un enfant !

 

Comment se structure une journée type ?


Généralement les enfants se lèvent seules. Comme elles tiennent à étudier le matin, je les réveille vers 8h30 si elles n'y sont pas parvenues seules.
Ensuite nous commençons vers 9 heures (parfois en pyjama ;)).
Avant d'entrer dans les apprentissages, j'ai mis en place un petit temps de concentration. Il s'agit d'un petit jeu basé sur l'écoute, l'observation, le toucher, etc. afin d'éveiller les sens et capacités de concentration.


Puis, chaque matin : français, mathématiques, langues. Cela, 4 fois par semaine. Le mercredi matin, des séances en géographie, sciences et histoire sont proposées (rarement les trois ensemble).
Le jeudi, les enfants ne pratiquent pas l'anglais, mais regardent une vidéo. Ce temps est alors occupé pour l'histoire de l'art ou la musique.


D'autre part, un peu de sciences, géographie, histoire a également lieu certains matins.


Lundi après-midi : arts plastiques.
Mardi : expériences et/ou chimie
Jeudi : projet personnel ou technologie (réalisation d'objets généralement).

 

Comment gères-tu les différences de niveau des enfants ?


Chaque enfant a ses propres cahiers adaptés à son niveau en mathématiques, français et anglais.
Pour le reste, les séances sont généralement communes. Parfois, elles sont informelles (reportages, lectures diverses, etc.), parfois formelles. Dans ce cas, j'adapte quelquefois les questions à la plus jeune ou bien je lui précise qu'elle complétera seulement ce qu'elle sait ! Maintenant, je n'en ai plus besoin, mais lorsque nous avons commencé à étudier de cette façon, je lui avais rappelé de ne pas se comparer à sa soeur qui étant plus âgée allait certainement obtenir davantage de bonnes réponses. En outre, elle n'a pas toujours eu une fiche à compléter, elle réalisait alors un jeu! :) Toutefois, ma cadette apprécie les questionnaires donc aujourd'hui, elle préfère cette solution.

Proportionnellement, combien de temps passes-tu aux recherches de matériel  pédagogique et à la préparation ?


Je ne compte pas vraiment... Les enfants sont demandeuses de supports riches et variés, elles ont également eu certaines difficultés pour lesquelles j'ai cherché à m'adapter. Quelquefois, je ne cherche pas et une autre maman présente un lien vraiment intéressant ou un support qui m'interpelle et me voici partie à la découverte de celui-ci ! Parfois, de fil en aiguille, je continue... Tout ce temps me semble difficile à mesurer...


Lorsqu'un cahier convient, je peux être plusieurs mois sans avoir besoin de chercher quelque chose d'autre. Mais comme j'essaie aussi de suivre leurs intérêts, je passe plusieurs heures par semaine à la recherche de matériel. Parfois seulement une heure ou deux, parfois beaucoup plus. Fin juin, je choisis les nouveaux supports principaux avec les filles, puis je prépare quelques grands fils directeurs.


Pour chaque nouvelle période, j'ai également choisi de détailler tous les exercices (même s'il y a régulièrement des changements de dernière minute), c'est le temps suivi le plus long... Je dirais environ 10 à 20 heures... En fait, je ne compte pas mes heures... Celles-ci un peu plus parce que ce n'est pas la partie que je préfère. Mais j'ai très vite appris à ouvrir mes yeux et mes oreilles, d'autant que j'aime apprendre avec elles, et les filles encore bien plus ! Alors lorsqu'une question fuse ou qu'une actualité se présente (et cela peut-être lié à une autre famille IEF*) et bien je cherche ou nous cherchons ! Ce temps là n'est pas quantifiable. :)


 

Si l'enseignement en niveau primaire, voire collège, semble faisable pour un adulte, l'enseignement du niveau lycée peut devenir sacrément compliqué. Quid des connaissances en matières scientifiques ou en sciences humaines (philosophie), par exemple. Idem pour les langues.


C'est une question que je me pose également. Mais d'autres enfants sont parvenus à obtenir leur Bac sans aller à l'école... Aujourd'hui, cela ne m'inquiète plus autant. En commençant l'instruction en famille, je pensais "d'accord pour le primaire, mais au collège, cela deviendra trop compliqué..." Alors, nous avions résolu d'avoir recours à des cours par correspondance si nous n'avions pas opté pour un retour à l'école. Et finalement, nous apprenons sans. :) Il semble que rien ne soit impossible ! Ma fille aînée apprend le chinois, sans moi et elle progresse ! Le plus difficile reste de connaître les codes pour les examens, peut-être l'intérêt alors d'avoir recours au CNED ou de bien étudier les différentes annales.


Quant aux compétences, Internet est un fabuleux allié ! On y trouve des cours complets, des thèmes très détaillés, des connaissances professionnelles... Et même en chimie pour laquelle je pensais ne pas pouvoir proposer d'activités proches de celles du collège, je m'aperçois que c'est faux et que des kits très élaborés existent ! Alors peut-être qu'elles choisiront un secteur très pointu ou bien nécessitant une pratique, le moment n'est pas encore arrivé. :)

Envisages-tu qu'à un moment donné, tes enfants réintègrent le système scolaire classique ?


Notre choix a été familial, il le restera. Si nos enfants souhaitent regagner un système classique, elles le pourront.

 

 

Quelle méthode (ou quelle approche) as-tu utilisé pour apprendre à lire aux enfants  et à partir de quel âge ?


Etrangement, alors qu'elles étaient scolarisées, mes filles ont appris à lire avec moi... L'école enseignait une méthode semi globale qui était une catastrophe pour l'aînée ne parvenant pas à se repérer dans l'écrit. Mais dotée d'une mémoire exceptionnelle, elle donnait le change à ses professeurs... J'attendais le déclic, persuadée qu'il ne fallait pas interférer dans le travail de l'enseignante... Au cours du deuxième trimestre de CE1, la lecture était toujours aussi complexe et ma fille, découragée... Alors, j'ai profité des vacances de février pour lui proposer une méthode syllabique et en quinze jours, elle savait lire couramment.

Lorsqu'en grande section, la cadette a choisi d'apprendre à lire, j'ai répondu présente. Pour elle, j'avais réalisé un carnet de mots avec petits dessins et mise en valeur des syllabes. Une fois encore, elle a appris grâce à la méthode syllabique.

 

Quelles ressources (livres, internet, outils pédagogiques, etc.) préfères-tu utiliser ? Comment les trouves-tu et sur quels critères les choisis-tu ?

Lorsque je choisis de nouveaux supports, je continue avec ceux qui nous ont convenus, ou bien je regarde ce que d'autres familles utilisent ou bien je cherche, généralement sur Internet grâce aux différents moteurs de recherche ou bien à des adresses que j'apprécie.


Cependant, mes deux principales sources d'inspiration sont les collections/éditions que nous apprécions et les pistes proposées par d'autres familles. Celle-ci étant tout de même moins vraie depuis que les enfants grandissent.


Un bon support est pour moi un support clair, aéré et précis. La couleur est également un plus. Cependant, la qualité du contenu est également importante. Nous utilisons Internet, mais essentiellement pour les langues. Nous aimons lire, par conséquent les ouvrages écrits continuent d'avoir notre préférence. :) Mais la variété des approches permise par l'instruction en famille est également un point auquel nous sommes attachées.

 

 

Suis-tu globalement le programme de l'éducation nationale ou pas ? Dans les deux cas, pourquoi ?

 

Nous ne suivons pas le programme à la lettre... Au tout début, certainement plus puisque nous pensions au retour après un an d'instruction en famille. Aujourd'hui, de moins en moins... Disons que je garde les grandes lignes du socle de compétence, puis j'adapte. Pourquoi ? Parce que notre choix est motivé par le fait d'être plus proche des besoins de nos enfants et parce qu'un enfant apprend mieux ce qui l'intéresse. Donc nous suivons leurs intérêts ou bien je propose des pistes susceptibles de les intéresser ou tout de même proches du programme (en juin, je copie les quelques grands thèmes proposés).

 

 

En quoi le programme que tu dispenses diffère-t-il ?

 

Il diffère par exemple dans le fait que je pense accorder plus d'importance aux fondamentaux de la langue française pour le niveau collège. D'ailleurs, je choisis un support en fonction de son intérêt et non de sa classe d'âge, d'autant que j'achète régulièrement des cahiers ou livres d'occasion. Par contre, pas de dictée. Je pense qu'il est décourageant pour un enfant de découvrir un grand nombre de fautes... Je préfère des exercices ciblés.


En anglais, j'ai également choisi une approche très différente puisque j'essaie de pratiquer une certaine forme d'immersion par le biais de lectures/traductions, explications de notions grammaticales et écoutes/vidéos.


Et puis bien sûr en suivant leurs intérêts. De juin à septembre/octobre, les filles ont été extrêmement intéressées par les insectes. Nous nous sommes donc documentées sur le sujet. Dernièrement, il s'agissait d'en apprendre davantage sur les grossesses et puis sur l'époque de Louis XVI afin de comprendre pourquoi il avait été décapité. Si l'on détaille le socle de compétences, on s'aperçoit que ces thèmes peuvent tout à fait convenir. Ils ne sont pas nécessairement prévus aux âges des filles et les insectes ne sont sans doute pas au programme, mais ce sont de petites particularités qui entretiennent leur regard attentif sur ce qui les entoure et leur apprennent qu'elles peuvent se passionner pour des sujets non conventionnels en entretenant curiosité et désir d'apprendre.


Après cet éclairage sur une démarche qui semble si particulière mais dont on s'aperçoit qu'elle touche finalement un nombre de familles beaucoup plus important que ce que l'on pourrait croire, je vous invite à consulter le blog de Lysalys, Mi et Lou, qui, inutile de préciser, regorge en outre de liens vers des ressources pédagogiques intéressantes.

 

Et vous, ça vous inspire, l'école à la maison ? Sacrée aventure, non ?

 

      Plus de ressources sur le blog Ressources éducatives

 


Mise à jour 2013 : retrouvez plus de ressources sur mon blog Rituels antistress 

Les publications de ce blog continuent, vous pouvez le laisser en marque-page ;)

 

 

 

* l'instruction en famille

 

 


Share



Rendez-vous sur Hellocoton !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article