18 Septembre 2008
La première fois que mon attention a vraiment
été accrochée par notre ministre de l’éducation nationale fut sur le
zapping de Canal +.
On y voyait Xavier Darcos un feutre à la main, chercher une conjugaison du passé
antérieur qu’il ne trouva jamais, incapable de résoudre (si l’on peut dire) une règle de 3 et, encore plus incroyable, pas le moins du monde gêné par cette méconnaissance ahurissante.
Cette semaine, il a véritablement embrasé le web -
des médias aux blogs
jusqu'aux chaînes basques -, les politiques et les enseignants, par
une petite phrase touchante sur les couches en maternelle, datant de cet été et révélant soit une profonde
méconnaissance des actions pédagogiques menées en maternelle, soit une réelle volonté politique de supprimer la scolarité des 2 – 5 ans :
"Est-ce qu'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l'Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes
dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? Je me pose la question".
Dans tous les cas, elle contredit les apprentissages décrits dans le guide diffusé à tous
les parents des enfants scolarisés en école publique.
Le ministre dément toute idée de
suppression de la maternelle. Franchement, on peut légitimement avoir des doutes, sachant qu’en 2006-2007, 23,4% des enfants de deux ans étaient scolarisés en France (182.021 élèves), selon
les chiffres du ministère, contre 35,3% en 2000-2001.
Un point inquiète particulièrement la mère de famille que je suis : comment peut-on avoir été inspecteur général de l’Éducation nationale en tenant des propos révélant une telle méconnaissance
des savoirs actuels sur les processus cognitifs ?
Donc, voilà, moi, je proposerais le programme suivant :
les enfants en dessous de 6 ans restent chez eux.
Leurs mères restent chez elle aussi, ce qui réduirait le taux de chômage.
Elles leur mettent des couches en tissu, les couches jetables étant taxées, comme chez nos amis anglais.
Elles changent leurs couches et leur font faire la sieste.
Elles leur apprennent à lire, à écrire, à compter, histoire qu’ils n’arrivent pas en primaire avec des retards qui les empêcheraient d’avoir les acquis que notre ministère d’éducation nationale demande aux élèves en CP.
Elles révisent leur règles de 3, qu’elles connaissent par cœur à force de calculer la baisse de leur pouvoir d’achat.
Elles rabâchent leur passé antérieur, destiné à exprimer des périodes révoquées « Nous fûmes des femmes indépendantes ».
C’est curieux, cette manie de vouloir absolument nous faire retourner aux années cinquante.
Quelques ressources de base :
La vidéo originale, sur le site du Sénat.
Du côté du Canada, des
conseils pour prévenir ou détecter la dyslexie, à partir de 2 ans.
Des cdroms éducatifs pour les 2 - 5 ans.
Faire des maths en maternelle.
Fiche de l'Unicef sur le développement et l'apprentissage du jeune enfant.
Un programme original de prématernelle au Canada.
La radio des
parents.
Le web pédagogique.
Dans la série, mère prévoyante,
l'école à la maison.
(Si vous en connaissez d'autres, je suis preneuse).